PKP ET SES ACTIONS DE QUÉBECOR

PKP ET SES ACTIONS DE QUÉBECOR

Publié dans La Presse, le 10 octobre 2014.

Jean-François Lisée ne semble pas se rendre compte que, en ayant été le premier à exiger que Pierre Karl Péladeau (PKP) vende ses actions de Québecor, il a fait le travail des autres partis, car une telle exigence ne peut qu’affaiblir le Parti québécois. Tous les partis savent que, en mettant ses actions dans une fiducie sans droit de regard, PKP respecte les règles établies. Je peux comprendre que les libéraux et les caquistes exigent maintenant la vente pure et simple de ses actions, c’est une façon d’éliminer PKP du paysage. Mais je ne peux comprendre qu’une telle exigence provienne d’un autre candidat à la direction du PQ.

Le prochain chef du Parti québécois sera chef de l’opposition pendant quatre ans avant d’avoir une chance de devenir premier ministre, une occasion de se faire la main et être en mesure de battre Philippe Couillard aux prochaines élections, prévues pour l’automne 2018. S’il manque son coup, ce ne sera plus une opposition de quatre ans, mais de huit ans qui l’attendra. D’où l’importance pour le PQ d’élire comme chef la personne la mieux qualifiée et la plus apte à devenir premier ministre.

Regardons les forces en présence. Voyez-vous Jean-François Lisée, du haut de son trône, comme chef? Moi, non. Voyez-vous Alexandre Cloutier, sans vous dire « Alexandre qui? », comme chef? Moi, non. Voyez-vous Martine Ouellet, qui penche à gauche plus que la tour de Pise, comme chef? Moi, non. Voyez-vous Bernard Drainville, avec une crédibilité durement écorchée à la suite de l’échec de la Charte de la laïcité, comme chef? Moi, non, d’autant plus que les autres candidats se distancient tous de ce fameux document, l’un en disant que des amendements étaient nécessaires, l’autre en disant qu’il aurait voté contre. Pour un désaveu, c’en est tout un, d’autant plus que chacun d’eux était publiquement d’accord avec le projet de Drainville avant les élections. Rien d’autre que de l’hypocrisie électorale.

Il reste PKP. Certains l’aiment, d’autres le haïssent. Ce qui est certain, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. Mais il a du caractère. À ceux qui déplorent qu’il a été responsable d’un lock-out au Journal de Québec et au Journal de Montréal, je réponds qu’il a assuré l’avenir de ces deux quotidiens devant l’incertitude qui est aujourd’hui la norme pour la plupart des quotidiens de la planète.

Voyez-vous quelqu’un d’autre au PQ pour prétendre au poste de chef, de premier ministre en devenir? Moi, non. Ma conclusion est simple : avec PKP comme chef, le PQ a de bonnes chances de reprendre le pouvoir dans quatre ans. Avec les autres candidats, le parti risque de rester dans l’opposition pendant huit ans.

Si PKP devient chef du PQ, il aura quatre ans pour démontrer qu’il a la couenne assez dure pour être un politicien d’envergure, capable de rallier les Québécois à sa cause. Dans quatre ans, si PKP détient toujours ses actions, il appartiendra aux électeurs de décider s’il souhaitent qu’il devienne premier ministre. Je ne connais aucun électeur qui votera pour PKP aux prochaines élections, mais ce choix n’a rien à voir avec ses actions de Québecor. Les électeurs sont plus intelligents qu’on pense.

Quant à moi, il est loin d’être probable que je vote un jour pour PKP et cette décision n’a rien à voir avec ses actions de Québecor.

 

Publié par Gaétan Frigon