HEXAGONE : MISSION ACCOMPLIE

HEXAGONE : MISSION ACCOMPLIE

Publié dans La Presse +, le 14 octobre 2014

Il y a deux ans, en 2012, j’écrivais ce qui suit dans ces pages :

« Une fois que la commission Charbonneau aura terminé ses travaux, une fois que le gouvernement aura mis en pratique les recommandations qui en découleront, une fois que les pratiques de l’industrie auront été nettoyées, il ne faudrait pas alors jeter le bébé avec l’eau du bain. Et c’est ce qui pourrait arriver si le contrôle des principales entreprises de construction passe en des mains étrangères. Il faut s’assurer que les remèdes apportés aux problèmes actuels ne résulteront pas en des ventes à rabais d’entreprises de construction et des pertes de contrôle qui pourraient s’avérer dommageables pour l’ensemble des 170 000 travailleurs de cette importante industrie. » Je visais directement les entreprises de Tony Accurso que ce dernier venait de mettre en vente.

Je ne pensais pas que, quelque 6 mois plus tard, je serais appelé à faire partie du conseil d’administration du Groupe Hexagone, une société qui venait de se porter acquéreur de la majeure partie des entreprises appartenant jusque-là à Tony Accurso. En compagnie d’autres administrateurs indépendants et chevronnés, dont Mario Bertrand, Yves Duhaime, Guy Lever et Lisane Dostie, nous nous sommes embarqués dans une aventure dont le but était de transformer cette nouvelle entreprise en un modèle d’éthique et de professionnalisme.

À ce groupe d’indépendants s’ajoutaient Benoit Bégin, président de la division des grands travaux, et Sylvain Gadoury, président de la division Gastier, deux gestionnaires d’expérience connaissant bien l’entreprise. En tant que conseil d’administration, nous avions deux buts précis : sauvegarder les emplois et garder le contrôle de l’entreprise au Québec.

UN LONG CHEMIN

Aujourd’hui, 16 mois plus tard, nous pouvons dire : mission accomplie. Dire que cela n’a pas été facile est une évidence. Il aura tout d’abord fallu 9 mois pour obtenir notre autorisation de l’AMF. Pendant cette longue période, nous avons perdu pour plus de 100 millions de dollars de contrats simplement parce que nous n’avions pas l’autorisation de les effectuer.

Il ne se passait pas une journée sans qu’une mauvaise nouvelle s’additionne aux autres mauvaises nouvelles.

Pis encore, nous n’avions aucun financement bancaire. Et les clients gouvernementaux nous devaient près de 70 millions en factures non payées. De toute évidence, ils n’étaient pas pressés de nous payer sachant qu’on ne pouvait pas monter au créneau. Autrement dit, tout jouait contre nous. Notre seul véritable atout venait de la qualité du travail accompli par nos employés.

Lorsque les autorités et les acheteurs potentiels ont réalisé que les cinq membres indépendants du conseil d’administration d’Hexagone étaient vraiment indépendants, même s’ils n’avaient pas investi dans l’entreprise, et que leur implication faisait la différence, le vent a commencé à tourner.

Au début, il y avait les curieux ainsi que ceux qui attendaient qu’Hexagone manque de liquidités et soit dans l’obligation de faire une vente de feu. Mais, petit à petit, des entreprises étrangères, dont Fayolle, Dragados et Vinci, se sont manifestées et le tout à fait boule de neige. Toutefois, ces entreprises n’ont jamais mis sur la table des propositions finales respectant nos critères.

C’est là que Transelec (TCI), une importante entreprise québécoise impliquée autant dans le domaine de la construction que dans celui de l’entretien d’infrastructures réseaux, s’est manifestée. Et il est vite apparu évident que Claude Gauthier, président du conseil d’administration, ainsi que son fils Stéphane, président-directeur général, avaient le financement nécessaire pour effectuer cette transaction et mener à bien la suite des choses. Le fait que la propriété et la direction demeuraient en des mains québécoises et que les emplois étaient sauvegardés a compté pour beaucoup dans notre décision.

Aujourd’hui, Hexagone peut se concentrer sur Gastier, une filiale avec un potentiel énorme, tant au Québec qu’en Alberta.

Publié par Gaétan Frigon